Titre : Le serpent d'angoisse
Auteur : Roland C. Wagner
Editeur : ActuSF - Les trois souhaits
Nombre de pages : 120
Grâce au semen of gods, riches et puissants peuvent désormais vivre
leurs fantasmes les plus fous au sein de réalités virtuelles créées par
un groupe de télépathes. Tout serait parfait dans ce paradis artificiel
si un élément incontrôlable ne parvenait à s’immiscer dans les séquences
mentales et à tuer les clients de la Telepathic Trips Organization, qui
exploite la psychosphère.
Au dehors, la révolte gronde. Le peuple prend les armes contre les élites avec un seul mot d’ordre :
« Destroy The American Dream ! »
Avec derrière lui une cinquantaine de romans, Roland C. Wagner est
l’une des voix majeures de la science-fiction française. Véritable choc
psychopunk, Le Serpent d’angoisse conte les prémisses de sa série la
plus connue : Les Futurs Mystères de Paris. Vingt ans après sa parution
et son prix Rosny aîné 1988, le voici enfin de nouveau disponible.
Vous aimerez :
- l'écriture fluide
- les belles métaphores
- la structure éclatée de la novella
- le cyberpunk sauce Wagner
Vous n'y trouverez pas :
- des personnages approfondis
- un récit calme
- un récit sans violence
Mon avis ?
C'est le deuxième livre de Roland C. Wagner que je lis, et si le premier m'avait plutôt convaincue, celui-ci m'a laissée béate d'admiration. W-a-o-u-h, quoi. o____o
Le Serpent d'angoisse, avant d'être un titre, c'est une métaphore filée subtilement tissée à travers de ce court roman, ou longue novella. Le récit est polyphonique, éclaté entre une dizaine de voix narratrices différentes, parfois en focalisation interne, d'autres fois en externe, parfois omnisciente. Déjà, c'est un tour de force côté style que de donner corps à autant de voix différentes. Mais là où l'auteur réussit son coup de manière encore plus magistrale, c'est dans la façon qu'il a de nous montrer les liens entre les différents personnages, au départ complètement étrangers ou, a priori, pas liés : dans un monde fantasy, un chevalier qui extermine un piètre soldat qui partait pourtant vainqueur ; de nos jours et dans le réel, un rebelle dans la ville de Détroit telle que vous ne l'avez jamais vue ; deux enfants perdus dans une ville fantôme pleine de rats ; un esprit à la dérive... tous sont liés par la psychosphère, et s'il est au départ difficile de faire le tri entre les personnages, on se prend vite au jeu.
Chaque personnage a la parole une ou deux pages d'affilée, tout au plus,
avant de la donner à un autre, qui la donne à un autre... c'est
cyclique, on les retrouve chacun leur tour. Ces micro-scènes enchaînées
les unes aux autres font de cette lecture une course contre la montre.
C'est bien simple : j'ai entamé ce roman jeudi dernier à la fac, en me
disant que ça allait m'occuper le temps de l'attente au bar où je mange
le midi. Eh bien... le jeudi soir, je l'avais terminé, alors que
pourtant j'avais cours jusqu'à 19h et une soirée étudiante derrière,
c'est vous dire à quel point j'étais à fond dedans. x)
Bref, c'est un roman qu'il vaut mieux lire d'une traite, déjà parce que la vitesse du récit s'y prête bien pour une immersion complète, mais aussi parce qu'avec la foule de personnages et la rapidité d'évolution des situations (souvent très très compliquées, et liées les unes aux autres), eh bien, la moindre pause dans la lecture peut vous être fatale et vous perdre. Du coup, la force du roman fait aussi sa faiblesse – mais vous voilà prévenus, donc je suis sûre que vous ne ferez pas de pause pendant votre future lecture, n'est-ce pas ? ;)
L'inventivité de l'auteur est ahurissante, dans le bon sens du terme : entre l'écriture aux métaphores discrètes mais toujours pertinentes, et l'exploration du monde de la psychosphère et de toutes ses retombées, ses tenants, ses aboutissants... la réflexion de l'auteur va très loin, presque jusqu'au bout, et c'est un plaisir que d'assister au déploiement simultané du scénario et des idées. Pas des idées politiques (même s'il y en a, comme toujours, dans ce que fait Roland apparemment), mais surtout des concepts ; les idées scénaristiques, les champs des possibles explorés par l'auteur... c'est juste hallucinant : petit roman, certes, mais vaste sujet, parfaitement exploré.
Un coup de cœur pour ma part. Un OVNI littéraire. Une pépite.
5/5
Perso, j'ai eu un peu de mal justement avec cette foultitude de personnages dans un récit aussi court, c'était un peu trop intense pour moi. Et pourtant, je l'ai lu d'une traite aussi. Mais c'est vrai que sur le contenu, c'est top.
RépondreSupprimerOui, c'est d'ailleurs assez surprenant ! Vive la gym neuronale, ça nous a fait travailler ^^
SupprimerCarrément, le contenu, les concepts, c'est juste génial. Un "must have read" sur ce point-là !