Titre : Masques de femmes
Auteur : Elie Darco et Cyril Carau
Editeur : Sombres rets
Nombre de pages : 220
1800, les Lumières s’éteignent, laissant
en héritage une certaine idée du progrès, retranchée du bonheur qu’on
lui imputait. Durant les cent années qui vont suivre, les grandes
cheminées vomissant la suie, les guerres toujours présentes, le
colonialisme et les sciences refouleront jusqu’aux portes du néant
l’irrationnel du tréfonds des rêves, l’inventivité des frontières de la
pensée. Mais le surnaturel fascine et s’oppose à la raison, à la réalité
policée d’une société plus industrieuse que culturelle, plus
scientifique que mystique. Sur le tombeau du XIXe siècle, treize
nouvelles fantastiques illustrées se recueillent, pour faire écho au
romantisme noir, à l’esthétique macabre, au symbolisme
qu’affectionnaient les artistes et intellectuels de l’époque. Paris,
durant la Commune, Cécile fuit la folie de la semaine sanglante en
s’adonnant à des voyages, à des rencontres d’outretemps. Prague, Deirdre
la non-vivante, en quête de sang et de vérité, poursuit son engendreur
de sa vengeance. Séville, une gitane tente de changer le destin d’un
jeune médecin aux notes langoureuses d’un flamenco. Venise, Fausta,
aristocrate et aventurière, plonge au coeur des sombres secrets de la
cité des Doges. Londres, modèle et muse des peintres préraphaélistes,
Jane vous invite au mystérieux festin des Dieux.
Treize histoires de femme, mère, amante, épouse, femme du monde,
femme fatale ou femme-objet. Treize destins étranges, troublants,
tragiques ou émouvants à effeuiller comme un antique journal exhumé d’un
grenier.
Vous aimerez :
- l'écriture à quatre mains
- la variété des lieux historiques visités
- l'intertextualité intralittéraire du recueil
- les illustrations
- l'intertextualité intralittéraire du recueil
- les illustrations
Vous n'y trouverez pas :
- de SF ou de fantasy
- un fil rouge très présent
- un fil rouge très présent
Mon avis ?
La force de ce recueil fait aussi sa faiblesse : nous sautons d'une époque à une autre, d'une ambiance à une autre, d'une écriture à une autre, et la variété n'a pas su me plaire à tous les coups. Il y a des textes que j'ai clairement aimé, d'autres qui m'ont clairement ennuyée voire dégoûtée. Je sais que c'est un peu dur comme début de chronique, voire comme critique tout court, mais je ne pouvais pas parler de recueil sans évoquer cette divergence d'opinion personnelle très marquée d'un texte à un autre. Je ne pense pas que j'aie préféré un des auteurs à l'autre, car à chaque fois que je n'aimais pas une nouvelle, ce n'était pas celle d'un auteur en particulier. Mais je sais d'où vient cela : chaque nouvelle que je n'ai pas aimé faisait étalage de longues scènes d'orgies sexuelles qui, trop crues, n'ont pas su m'atteindre du tout. Pourtant, je ne suis pas une petite nature, et elles ne sont pas mal écrites non plus, mais je n'ai tout simplement pas adhéré à la débauche de luxure et de détails glauques. Hmm... oui, en fait, plus que la présence du sexe, c'est le côté glauque et malsain qui m'a rebutée. De fait, j'ai vraiment achopé sur les nouvelles en question. Heureusement, elles ne sont pas nombreuses (même si elles constituent, je pense, un quart du recueil tout de même).
Ce à quoi j'ai adhéré, en revanche, c'est le style. Que ce soit celui de Cyril Carau ou d'Elie Darco, quelle précision, quelle subtilité ! Il y a de très belles images, les phrases sont rythmées, chaque nouvelle est un bijou ciselé, une perle de beauté littéraire. C'est fin, élégant, poétique, et jamais dans l'excès. On sent des auteurs cultivés, amoureux des mots, de la langue, de ses jeux sémantiques, et c'est un vrai plaisir que de les suivre d'une phrase à l'autre, parfois dans des métaphores filées sur des pages et des pages !
Je retiendrai trois nouvelles de ce recueil :
* La vieille femme et la mer, d'Elie Darco : un magnifique chant du cygne féminin, poignant et prenant, d'une femme part rejoindre les hommes que la mer lui a volés... elle embarque à bord d'une coque de noix qu'elle a volée, et vogue la galère... jusqu'à un final éblouissant. Le texte m'a énormément touchée. J'en ai eu les larmes aux yeux.
* L'origine du monde, d'Elie Darco : à Alger, un homme part à la conquête d'une femme dite "femme-montagne", une noire énorme et sensuelle qui lui réserve une surprise tout autre que celle qu'il attendait... l'écriture est ici vive, sensuelle, exotique, j'ai adoré !
* Des visages de la Lune, de Cyril Carau : la nouvelle qui clôt le recueil. De Marseille à Caracas, l'auteur nous plonge dans un voyage au coeur de l'étrange, où les super-héros d'antan sont des Protecteurs qui luttent pied à pied contre le mal, et contre une déesse du nouveau monde qui cherche à renaître... la déesse de la guerre et de la lune... original, rythmé, bien écrit, et plein de référence aux nouvelles précédentes, un régal !
Après quoi, je n'ai pas vraiment été transportée par les nouvelles même si je les ai aimées. J'attendais beaucoup de ce recueil, sa couverture m'ayant vraiment tapé dans l'oeil, de même que le résumé, mais je crois que la trop grande diversité d'ambiances n'a pas joué en ma faveur.
Toutefois, il serait dommage de passer à côté : si je n'ai pas tant aimé qu'attendu, ce n'est pas une affaire de qualité générale mais bien de goût personnel ! ^^
Et pour terminer cette chronique, un petit aperçu des illustrations intérieures en N&B que j'ai personnellement bien aimées :
3/5
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire