mercredi 11 février 2015

[steampunk] Cinquante nuances de brun

Changement de formule pour le blog ! Désormais, plus de "fiche d'identité" pour les romans : je posterai la couverture, le résumé, et mon avis juste après. Une simplification pour vous mais, surtout, pour moi. On va tester, et voir ce que ça donne... en commençant par un article un peu spécial, puisqu'il réunit plusieurs ouvrages qui tournent tous autour d'un seul et même thème : le steampunk !

Au programme :
* une BD, avec Le Château des étoiles d'Alex Alice ;
* une anthologie, avec A voile et à vapeur aux éditions Voy'el ;
* une novella, avec La Machine de Léandre d'Alex Evans;
* un roman, avec Les Âmes envolées de Nicolas Le Breton.
Bref, de la diversité dans l'unicité !
Un peu comme le steampunk et ses cinquante nuances de brun... (il fallait que je la fasse celle-là)(désolée pour le titre d'ailleurs)(ou pas, en fait ^^).


Et si la conquête de l’espace avait eu un siècle d’avance ? Et si le ciel était tel qu’on l’imaginait voici 150 ans, dans les écrits des scientifiques positivistes de l’époque, baignant dans un éther intangible, ouvert à des machines fantastiques toutes de cuivre et de bois ? 
D'abord édité au format gazette, en trois épisodes successifs parus trois mois de suite, le Château des étoiles séduit d'abord par la beauté de ses couleurs, la grandeur de ses décors, et les mille et uns détails mécaniques, décoratifs et autres qui parsèment les cases de ses pages.
Ce qui est une bonne chose si, comme moi, vous êtes incapable de lire une BD si le trait du dessinateur et les choix du coloriste vous déplaisent. Ici, ça m'a littéralement tapé dans l'oeil, et j'en prenais plein les mirettes à chaque page. Le travail est vraiment magnifique, fin, recherché, c'est un bonheur de tous les instants !
Pour ne rien gâcher, l'histoire, quoi que classique, est palpitante. On y croise des clins d’œil à la culture populaire classique européenne, mais aussi asiatique, et on évolue dans la plus pure tradition steampunk : on y parle d'éther, de complots, de grandes aventures dans les airs, et de retournements de situation décoiffants. Un poil trop classique peut-être en fait, mais merveilleusement bien exécuté, alors on en redemande ! ^^
Une vraie beauté dans le genre, avec des personnages bien campés pour ne rien gâcher. Sincèrement, je le recommande chaudement !! Si vous êtes curieux et que vous souhaitez voir plus d'images, n'hésitez pas à visiter le site de l'auteur-illustrateur-coloriste ! :-)

De la science-fiction à la fantasy en passant par le fantastique, dix auteurs proposent leur vision d’un avenir du passé. Dans ce rétro-futur haut en couleurs, la vapeur et la voile cohabitent, le chevalier d’Éon use de charmes inattendus, des automates interrogent le tic tac de leur cœur mécanique et des élixirs permettent de changer de sexe à volonté. Embarquez à bord de la Vagabonde ou du Quatorze Sacs à Malice, destination la Russie, l’Afrique coloniale, Paris ou Londres, et partagez avec ces personnages les tourments et les plaisirs d’une vie à voile et à vapeur riche en aventures de tous genres – et sans distinction de genre...
Uniquement en numérique.

Sitôt parue, sitôt achetée, sitôt lue ! Et pas regretté de l'avoir fait :-) Une anthologie steampunk, c'est sympa, mais quand en plus elle impose aux auteurs d'intégrer un personnage LGBT+ dans son texte, c'est encore plus original ! J'attendais beaucoup de cette anthologie, et je dois dire que même si l'ensemble est très très bon, toutes mes attentes n'ont pas été comblées, notamment en terme de diversité. J'ai trouvé que les ambiances se ressemblaient beaucoup d'un texte à l'autre, un peu comme ça avait déjà été le cas pour l'anthologie steampunk des éditions du Chat Noir. Cela ne signifie pas que le genre s'épuise, mais que les auteurs ont peut-être du mal à sortir de leur zone de confort, du steampunk que nous connaissons déjà (aka le steampunk d'ambiance victorienne ou de la belle époque, qu'il soit en europe ou dans ses colonies). Or, pour moi, les anthologies sont justement censées être un lieu d'exploration, de tentatives, d'expérience.
Ainsi, c'est un avis à double tranchant... cette anthologie est très réussie du côté LGBT+ et met en scène des personnages de tous bords et de toutes tuyauteries qu'on a grand plaisir à suivre. J'ai encore le cœur ému d'avoir connu Ragdoll, les yeux émerveillés d'avoir suivi les aventures du Chevalier, et la cervelle toute étonnée à cause du détective Philemon ! Cependant, je regrette que l'hybridité propre au steampunk, son élasticité littéraire, n'ait pas été davantage mise à l'épreuve. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, car les nouvelles sont bien écrites, les textes maîtrisés pour la très grande majorité, et les univers présentés cohérents...
Mention spéciale au Pudding Bavarois de Jarod Felten, une nouvelle entièrement épistolaire, qui suit les échanges de lettres de trois personnages, l'évolution de leurs sentiments, la découverte de certaines technologies... magnifiquement écrite et terriblement émouvante !


Constance Agdal est une excentrique professeure de sciences magiques qui n'aspire qu'à une chose : se consacrer entièrement à ses recherches pour oublier le passé qui la hante. Mais quand des démons se matérialisent au beau milieu de la ville, qu'un incube envahissant se prend d'affection pour elle et que son nouvel assistant agit de façon particulièrement étrange, Constance doit sortir de sa réserve... d'autant que son collègue, l'éminent Professeur Dowell, a disparu alors qu'il tentait de recréer une fabuleuse machine à magie d'après des plans vieux de plusieurs siècles. La jeune femme le remplace au pied levé en collaborant avec Philidor Magnus, un inventeur aussi séduisant qu'énigmatique, mais rien ne se passe comme prévu. Quel terrible secret se cache sous le capot de cuivre de la fameuse machine ?
Uniquement en numérique.

La Machine de Léandre est à la fois une suite à La Chasseuse de livres, parue chez le même éditeur, et un volume indépendant qui peut se lire à part. Légèrement plus longue que son aînée, cette novella réunit tout ce que j'ai déjà aimé chez l'auteur dans le volume précédent : le steampunk subtil, par petites touches, l'univers qu'elle approfondi page après page sans allourdir le texte de trop longues descriptions, notamment grâce à une écriture d'une force évocatrice rare. Alex Evans sait vous décrire le plus surprenant des paradoxes en trois mots à peine, et pas besoin de définition supplémentaire, car ce seront les trois mots justes ! On évolue de nouveau dans un univers étudiant, du côté des doctorants cette fois, et j'ai juste adoré cette version distordue d'une réalité que je connais bien puisque je la vis chaque jour ^^
J'avais reproché au premier volume d'avoir des personnages trop peu développés, et une fin trop abrupte qui m'avait un peu gâché l'impression finale... ici, très bonne surprise, les personnages sont bien développés, parfaitement campés, et même drôlement bien approfondis considérant la relative rapidité du récit. On y croise même un incube, à l'humour décapant au milieu de tous ces professeurs un peu collet serré !
Quant à la fin, l'auteur prend le temps de conclure le récit, cette fois, et on en ressort satisfait... quoi qu'on en demande encore ! Ce tome 2 est un véritable coup de cœur, et j'espère vraiment que l'auteur récidivera de nouveau, pour un troisième volume encore plus étonnant.

L’automobile n’a jamais été inventée. On parcourt le monde en ballons, dirigeables et autres aérostats. En cette année 1912 monsieur Louis Lépine, préfet de Seine et père du célèbre concours, s’embarque dans une drôle d’affaire. Des morts qui s’animent et enlèvent de belles dames et de savants messieurs (ou l’inverse). Des moteurs étranges qui soufflent le feu et le froid. Des automates fous et des mécaniques hantées. Une conspiration qui éclaire sinistrement les enjeux secrets de la Première Guerre mondiale. Dans une course de Paris aux Indes, de l’Himalaya aux champs de bataille d’Ypres, un roman échevelé, qui swingue comme les premières notes d’un jazz endiablé, qui gigue comme le pont du dirigeable dans la tempête, qui siffle de vapeur sous pression et chauffe comme une section de cuivres bien lubrifiée. 

Alors là... ALORS LA ! On va dire que je vous ai gardé le meilleur du meilleur pour la fin !!! Entre l'écriture ciselée et pleine d'inventivité, l'immense galerie de personnages tous plus attachants et exubérants les uns que les autres, et le scénario plein de rebondissements imprévisibles, j'ai passé un incroyable moment dans les airs, à survoler les cîmes de l'Himalaya, à croiser le fer avec les membres de la société de Thulé !
De l'humour, de l'aventure, du cuivre, des boulons, des manettes, des lunettes de conduite et des aérostats à n'en plus pouvoir. Des paysages merveilleux. Des figures de style magiques et inventives à chaque page, pour décrire les mécaniques bien huilées et les dispositifs judicieux. Un sens du dialogue incroyable, avec des répliques d'une finesse rare. Et des rebondissements de l'intrigue (et de personnages, ziouuummm !) presque à chaque page. Et des "millefeuille de glace" (raaah j'adore cette expression, utilisée pour décrire un glacier dans le roman) !
J'ai tout aimé, dans ce roman. TOUT ! Notamment la galerie de personnages, qui emprunte à tous les aspects de notre culture, et tous les âges aussi. Ca zigue et ça zague de chapitre en chapitre, certains arrivent et repartent de manière plus discrète que d'autre. J'ai couiné en voyant apparaître Elisée Reclus (hiiiii) et levé le bras en signe de victoire en voyant arriver Alexandra David-Néel. Néanmoins, cette dernière reste plutôt effacée, et si je devais trouver un défaut à ce roman, ce serait celui-là : MAIS POURQUOI ON LA VOIT PAS PLUS, ALEXANDRA ?! HEIN ?? Très bien campée, fidèle à ce que j'en connaissais, et aussi frustre, fidèle et attachante qu'elle l'était vraiment. J'ai juste trouvé que l'auteur l'utilisait trop comme un levier de l'intrigue, un moyen de faire avancer le roman, et ne l'exploitait pas comme un personnage à part entière.
Mais sinon... foncez sur ce roman !!! C'est une pépite de steam, une merveille de punk, et un mélange  de technologies et de personnages historiques détonnant. On passe un excellent moment, on en ressort le sourire aux lèvres, avec l'envie de partir à l'aventure.
Et cette fin, rah, cette fin !!! Juste géniale. LA ligne de dialogue qu'il fallait pour conclure cette aventure sous les meilleurs auspices qui soient ;-)

En parlant de fin, on en arrive à celle de cet article, qui est déjà très très long... mais 4 chroniques en une quand même, on dit bravo la reprise du blog !! :p

4 commentaires:

  1. Le Steam-Punk me tente rarement mais ton avis sur "Les Âmes Envolées" m'intrigue. Hum, je me laisserai peut-être tenter, du coup !

    Ah, et la nouvelle formule me va bien, même si je trouvais ça sympa les "vous aimerez, vous n'aimerez pas"... Néanmoins je ne te jette pas la pierre, entre tes nombreuses lecture, l'écriture de tes propres projets et ton blog, je ne sais même pas où tu trouves le temps de tout faire.

    Allez, avoue que pratiques la sorcellerie. Tu te dédoubles au cours de rituels impies, on a des témoins.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Les âmes envolées" sort vraiment du lot, c'est une belle aventure au-delà d'une envolée steampunk, donc à tenter quoi qu'il en soit ;-)

      Et oui, je suis une sorcière, mais crois-tu que je vais révéler mes secrets comme ça ? ;-) Bon, j'en avoue un : de bonnes nuits de sommeil de 8h minimum, et la sieste de dix minutes l'après-midi... pour le reste, la formule de mon thé magique restera secrète, niark niark niarkkkk ! :P

      Supprimer
  2. L'anthologie m'attend dans la liseuse et je suis également tentée par les âmes envolées. Ajouté dans ma wish list ! Et les deux autres semblent bien intéressants, mais il va falloir que je reste raisonnable. Merci pour ces découvertes !

    RépondreSupprimer
  3. Les couvertures sont splendides ! Et y'en a sur ma Wishlist ^^

    RépondreSupprimer