jeudi 9 mai 2013

[Mathieu Gaborit] Les crépusculaires

Titre : Les Crépusculaires
Auteur : Mathieu Gaborit
Editeur : Mnémos
Nombre de pages : 352

Le baron de Rochronde n'est plus. Et, selon la coutume, son fils Agone doit lui succéder. Or, peu enclin à suivre les traces de son père, guerrier sanguinaire impitoyable, celui-ci se destine à une vie d'érudit itinérant. Agone accepte néanmoins la dernière requête du défunt : passer une semaine au collège occulte du Souffre-jour, où d'éminents maîtres d'armes et de magie initient aux arcanes de puissants pouvoirs. Là, il va découvrir le sens de sa destinée... Alors que grandissent menaces extérieures et conspirations fomentées par les adeptes du Cryptogramme-magicien, l'héritier de Rochronde, armé de sa fidèle rapière Pénombre et rompu aux plus redoutables arts magiques, saura-t-il trouver son salut et délivrer les Royaumes Crépusculaires qui sombrent dans la tourmente ?

Vous aimerez :
- le format beau livre
- les différentes manifestations de la magie
- les personnages secondaires charismatiques
- le côté cape et d'épée

Vous n'y trouverez pas :
- un récit immersif
- un personnage principal fort
- un scénario surprenant

Mon avis ?
Cette édition est une intégrale deluxe et, vraiment, c'est un objet magnifique : l'enveloppe de carton léger est aussi belle que douce, la reliure en faux cuir rend vraiment bien, et les enluminures à l'intérieur ainsi que le grammage du papier contribuent à faire de ce beau livre un sublime objet de collection... le tout à un prix vraiment bas (34€ environ si ma mémoire est bonne). Toutefois, ce genre de format a le désavantage d'être délicat à manier (de peur de l'abîmer) et n'est pas très pratique à transporter... du coup, je n'ai pu le lire que le soir, et comme en ce moment j'ai beaucoup de répétitions de danse qui finissent à 21h environ, et qu'ensuite je suis hyper crevée et que je lis rarement plus de 20 minutes, ça m'a fait peu de temps par semaine pour le lire ! Ce qui explique ma lenteur... mais ce n'est pas là la seule explication, j'y reviendrai plus tard.

Ce que j'ai le plus aimé dans ce livre, c'est la magie : elle est présente partout, tout le temps, sous des formes inattendues qui sont plus ou moins... des formes d'art ! En voici deux exemples que j'ai particulièrement appréciés...
La magie est maniée par des fées noires, tout d'abord, qui sont des sortes d'accoucheuses de consciences : c'est ainsi que, dans la première partie intitulée Souffre-jour, la fée noire Amertine insuffle la vie à une rapière pour Agone, une rapière nommée Pénombre. J'ai adoré ce personnage ambivalent, et pourtant, me direz-vous, ce n'est qu'une épée. Mais non. C'est bien davantage, et elle s'avère être un personnage indispensable à l'histoire car cette épée elle-même est dotée de pouvoirs.
Pour les humains, manier la magie est plus délicat, car nous n'en possédons pas en propre. Nous l'empruntons à un petit peuple, celui des Danseurs, de petites créatures bleues très naïves et très intelligentes à la fois, que certains chasseurs capturent puis donnent ou revendent à des magiciens. Ces magiciens ont le choix : ils peuvent soit prendre le long chemin qui consiste à tisser une relation d'amitié et d'amour avec le Danseur, afin de lui emprunter sa magie dans un lien de confiance mutuelle quand ils demandent au Danseur de danser (le mouvement générant la magie, d'où le nom) ; sinon, ils peuvent choisir d'asservir le Danseur, de le torturer, afin de lui voler sa magie. Les deux méthodes marchent. La question est de savoir laquelle le magicien préfère utiliser... j'ai trouvé cette exploitation de la magie très finement menée, vraiment intéressante car elle révèle beaucoup de l'âme du magicien qui la manipule. De plus, les Danseurs sont vraiment des créatures vraiment très attachantes, et les possibilités d'exploitation de la magie sont énormes. L'auteur redouble d'imagination pour cela, et ses trouvailles sont franchement extraordinaires ! Mention spéciale pour le Censeur magicien et ses flèches si spéciales, ainsi que pour la fameuse "fresque" dont je ne dirai rien de plus afin de ne pas vous gâcher la découverte étonnante cette belle trouvaille... et les gargouilles !!

Ce que j'ai le moins aimé dans ce livre, c'est son personnage principal : Agone. J'avais envie de le secouer et de lui dire "BON SANG, RÉVEILLE TOI !" Il est tellement passif, il se plaint, il fait genre il se rebelle mais en fait il laisse les choses se faire... les autres prennent toutes les décisions pour lui, il n'assume presque jamais les responsabilités qui lui reviennent... bon sang, ce qu'il m'a énervée ! Je n'ai vraiment pas accroché avec lui, car cette passivité me l'a rendu aussi attractif qu'un simple bout de papier mort. L'expression peut faire rire mais, je vous jure, à chaque chapitre qui se déroulait avec lui, je soupirais... sauf quand le chapitre contenait un de mes personnages préférés, comme Pénombre la rapière, ou le Censeur.
Les personnages secondaires sont d'ailleurs la grande force de ce récit : ils sont nombreux, brillants, jamais épargnés par le destin, et eux prennent des décisions qui les engagent jusqu'au bout (alors qu'Agone, lui, suit les autres parce qu'il se sent obligé... vous parlez d'un leader ! o_o). J'ai tout particulièrement adorée Pénombre parce que, justement, elle est à double tranchant dans son caractère : vis-à-vis d'Agone, elle agit comme une maîtresse étouffante, jalouse, qui lui veut autant de bien que de mal. C'est une relation "amoureuse" qui pimente vraiment le récit, car Pénombre a de vrais pouvoirs et, très souvent, c'est elle plutôt qu'Agone qui dirige le destin de ce dernier ! Elle le sort de situations a priori inextricables, avec un brio vraiment époustouflant. Il n'y a que sur la toute fin, environ les 5-6 derniers chapitres, qu'Agone prend enfin les choses en mains et se comporte en véritable leader. Et franchement, ça m'a fait du bien. ^^

Autre déception : le scénario global. Autant certaines scènes sont complètement originales, inattendues, surprenantes, autant le scénario en général ne prend pas une direction surprenante. On sait dès le début que, oui, Agone va entrer au Souffre-Jour et que, oui, il finira par assumer ses responsabilités, que ce soit vis-à-vis du Souffre-Jour ou de l'héritage de son défunt père, baron de Rochronde (qu'il endosse temporairement et toujours un peu malgré lui). On sait même qu'il y aura une guerre, que la magie survivra, et on devine même pourquoi puisque dès la fin de la première partie du roman, le "maître" du Souffre-Jour donne à Agone ladite solution...

C'est donc un bon roman qui, selon moi, manque d'un personnage principal fort. Or, moi, quand je n'accroche pas au personnage principal, je n'accroche pas au roman, c'est aussi simple que cela. Et cela explique ma lecture lente et poussive dudit roman. Néanmoins, je ne déconseille pas les Crépusculaires : d'une part car c'est très bien écrit, d'autre part car l'exploitation de la magie vaut à elle seule le détour. Et Pénombre, aussi, n'oublions pas Pénombre, la merveilleuse rapière !

3/5

4 commentaires:

  1. Coucou !
    Merci de cette chronique, très claire sur les points faibles mais qui donne envie de lire le livre tout de même. ;-)
    Moi je ne l'ai toujours pas commencé, j'ai un rayonnage entier de livres à lire dans ma bibliothèque ! ;-)
    Je te reconseille la série des Thomas Passe-monde, je viens de finir le 6 et ça va être long jusqu'à la sortie du 7 en Poche, maintenant... :(
    Bonne continuation !

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    1. Oui, je ne voulais pas décourager les lecteurs du blog parce que c'est vraiment un ressenti personnel, ici, et non un défaut majeur du libre ^^
      Je note la série ! L'auteur était passé sur la page facebook du blog d'ailleurs, si je me souviens bien, et les couv m'avaient tout de suite accrochées ^^

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    2. Coucou !
      J'ai lu les Crépusculaires cet été et j'avoue avoir été déçue moi aussi par l'intrigue et le personnage principal.
      Il y a notamment une scène qui m'a mise hors de moi : vers la fin, il retrouve une fille qui a été torturée (je ne sais plus son nom) et dont on pensait qu'elle était morte. Non, ouf, tant mieux, c'est sympa. Une page plus loin elle meurt.
      Ca, ça m'a vraiment énervée : quel besoin de la ressortir du placard pour s'en défaire aussitôt ?
      Mais il y avait de bonnes idées, c'est sûr, et la présentation est vraiment sympa...

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    3. Re !
      Bon ben comme quoi c'est pas juste ma faute xD
      Tout à fait d'accord pour ce personnage, également !! De manière générale, j'ai trouvé les personnages mal exploités... c'est peut-être ça, au final, qui pose vraiment problème.

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