lundi 9 décembre 2013

[Liane Silwen] L'Empereur 1

Titre : L'Empereur, tome 1 : Le Roi
Auteur : Liane Silwen
Editeur : Ouvrir Un Monde
Nombre de pages : 424

On raconte souvent des aventures qui forgent les héros. Pour Enjan, c’est différent : il n’a pas le choix, il est déjà le héros, la Lumière tant attendue qui doit sauver Nadane ! A l’âge de dix-sept ans, il monte sur le trône et représente le dernier espoir de la population de Codée pour retrouver une vie paisible. Car depuis les Grandes Guerres, les relations entre les peuples sont fragiles, les tensions politiques palpables, des bandits infestent les terres et les conflits internes minent les gouvernements… Comment se comportera-t-il face à la tâche qui l’attend ? Saura-t-il survivre à son devoir ? Au cœur des intrigues, en qui placer sa confiance ? Face à cette situation délicate, Enjan compte sur l’appui de ses amis et de conseillers peu ordinaires afin de régler les choses à sa manière, par des méthodes qui surprendront autant ses ennemis que ses alliés. Le Roi est le premier tome des aventures d’Enjan, au fur et à mesure desquelles il découvre que la vie d’un souverain n’est pas de tout repos et que la tâche qui l’attend est plus dangereuse que prévue.

Vous aimerez :
- l'excellente qualité de l'objet
- l'écriture maîtrisée
- les personnages attachants
- le système de magie

Vous n'y trouverez pas :
- une maquette intérieure ordinaire
- une histoire fantasy originale
- un univers politique tout à fait cohérent

Mon avis ?
J'ai ouvert ce livre avec un excellent a priori : c'est un ouvrage auto-édité et la qualité de l'objet m'a laissée admirative ! C'est quelque chose d'important, surtout en auto-édition, et ici, pour moi, c'est un quasi sans faute. J'ai trouvé l'objet très beau, agréable à tenir en main, le papier est bien choisi, la maquette extérieure est superbe et donne très envie de lire ! Bonne impression confirmée par la maquette intérieure, quoi qu'un peu plus fantaisiste, et le contenu en général, même si quelques fautes ont échappé aux relecteurs... mais sincèrement, j'ai vu bien pire dans des ouvrages de "grandes" maisons d'édition. ^^

Et sinon, que dire du contenu, maintenant ? Tout d'abord, l'écriture, que j'ai trouvé étonnamment maîtrisée pour une jeune auteur de l'âge de Liane Silwen (20 ans à publication, donc sûrement bien moins à l'époque de l'écriture). C'est fluide, très clair, on s'y perd très rarement. Peut-être est-ce un peu trop classique, même, car cela manque un peu de poésie et de caractère... mais je suis certaine que cela viendra avec le temps (peut-être même dès le tome 2, qui sait ?). La narration comme les dialogues sont naturels, tout coule de source et nous entraîne de page en page.
 
J'ai également apprécié les personnages, surtout le trio d'Enjan le roi (futur empereur, donc !) et ses deux meilleurs amis, l'un soldat et de nature angélique (littéralement) et l'autre magicien au talent inné. La répartition des rôles est certes un peu clichée et les personnages sortent rarement de leur archétype, mais ils évoluent de façon convaincante et ne sont pas dénués d'une certaine dose d'humour et d'auto-dérision. Néanmoins, des trois, c'est Enjan que j'ai préféré, parce qu'il a une qualité que j'apprécie beaucoup et qui manque énormément aux héros de roman, qu'ils soient jeunesse ou adulte : la capacité à faire confiance à autrui. Certes, pour un roi, il ne se méfie pas assez, mais j'ai beaucoup aimé ce parti pris de l'auteur !

Autre point positif, et là c'est carrément un joli coup de maître : faire de la poésie une véritable magie. Donner un vrai pouvoir aux mots. Alors là... chapeau ! Il fallait y penser. J'ai adoré la manière dont c'est subtilement mis en scène. C'est certes un détail de l'intrigue et de l'univers mais il est très parlant quant à la façon dont l'auteur conçoit ledit univers.

Ce qui ma un peu plus gênée vient non pas de l'écriture en elle-même mais de la simplicité un peu naïve des personnages et de l'univers en général. Je sais que le terme "naïf" peut être très mal perçu, aussi vais-je le nuancer et dire qu'en fait, j'ai trouvé à l'ensemble un petit manque de maturité... pas à cause du public plutôt jeunesse auquel le roman s'adresse, mais dans l'écriture elle-même. Par exemple sur la façon dont son perçus les rapports politiques entre les différentes factions de Codée (l'univers où demeurent elfes, ondins, etc.) et, surtout, les rapports entre Enjan et ses ministres. J'ai trouvé ça très caricatural dans la manière dont c'était présenté et, parfois, trop détaillé – certes par souci de bien faire, mais une scène de conseil des ministres devient alors un vrai cours de politique sur une trentaine de pages, chapitre un peu trop longuet pour un lecteur qui cherche le divertissement.
Du coup, comme les complots politiques sont au cœur de ce premier tome, c'est assez dommage...
La même chose se perçoit à l'échelle des rapports des personnages entre eux, qui manquent un peu de profondeur et se résument souvent à des conflits d'intérêts, ou des intérêts communs. L'auteur ne va pas plus loin, plus au fond de leur relation. Elle en dit beaucoup mais en montre peu. Je pense qu'il y a matière à approfondissement pour le tome 2.

Néanmoins, malgré ce manque de maturité de l'ensemble, Le Roi est un roman qui se lit bien et qui plaira sûrement aux adolescents et même aux plus grands comme vous et moi ;-) L'univers est classique mais plaisant, les personnages sont nombreux mais bien caractérisés, et c'est certain que n'importe quel garçon voudra se projeter dans le personnage loyal et royal d'Enjan, aussi bien que les filles dans sa mystérieuse amie Wen... sur laquelle je n'en dis pas plu, il faudra lire pour savoir !

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