Titre : De l'autre côté du Mur
Auteur : Agnès Marot
Auteur : Agnès Marot
Editeur : Éditions du Chat Noir
Nombre de pages : 316
Pour Sibel qui se consacre entièrement à la danse, le quotidien est un
perpétuel ballet. Pourtant, tout bascule le jour où son lien à l'Art est
coupé : on l'isole de ses sœurs, on lui refuse l'existence qu'elle
aime tant dans cette communauté composée exclusivement de femmes. En
tâtonnant pour retrouver tout ce qu'elle a perdu, elle entend des
rumeurs, découvre des secrets propres à bouleverser sa conception du
monde. Mais alors, si la vie n'est qu'un immense théâtre, pour qui Sibel
danse-t-elle ? Et surtout, que se trame-t-il en coulisse ? Peut-être
cet étranger au sourire narquois qui se définit comme un « homme » et ne
lui parle que de Science pourra-t-il lui apporter des réponses.
L'aidera-t-il à franchir l'enceinte qui délimite l'univers qu elle a
toujours connu ? Découvrez le mystère qui se cache là-bas, de l'autre
côté du mur...
Vous aimerez :
- l'univers cloisonné
- les personnages attachants
- l'écriture tantôt dynamique, tantôt poétique
Vous n'y trouverez pas :
- un triangle amoureux
- des technologies de pointe
Mon avis ?
Celui-là, de livre, je me demande pourquoi j'ai attendu autant de semaines avant de m'y plonger ! Parce que, bon sang, les amis, c'est un nouveau coup de cœur made in Les éditions du Chat Noir dont, décidément, j'apprécie de plus en plus les choix de publication. Plusieurs raisons à cela, toutes excellentes bien entendu... ;-)
La première, et non la moindre : la tonalité Young Adult. Agnès Marot sait écrire avec son propre style, mais aussi coller à une tradition d'écriture, c'est indéniable. Car c'est du Young Adult ici, dans la pure tradition anglo-saxonne. Chapitres très courts (2-3 pages, une dizaine maximum), narration au présent, narratrice ado très réaliste, avec des préoccupations terre à terre mais une soif de liberté incomparable... on retrouve tous les ingrédients. Y compris certains passages un peu trop rapides qui ont provoqué quelques incompréhensions de ma part, mais c'est vraiment le seul reproche que j'aurais à faire à l'auteur.
J'ai rarement vu un livre francophone parvenir à reproduire aussi fidèlement les spécificités du YA anglophone. Je trouve le YA francophone très différent de l'anglophone – et pas moins bon, juste différent, peut-être plus Adulte que Young, justement. Ici, on est plus proches de l'enfance que de l'univers des adultes, donc plus proche de ce qui se fait outre-Manche et outre-Atlantique. Dommage, diront certains, que l'auteur n'ait pas penché du côté francophone de la balance, alors qu'elle est elle même française... mais sincèrement, qui s'en soucie ? Au contraire, je trouve cela formidable en termes d'interculturalité et de trans-littérarité : une véritable réussite, avec un pied de chaque côté de la Manche !! ;-)
D'autant plus que l'auteur a choisi d'écarter certains poncifs trop exploités dans ce type de littérature : notamment le triangle amoureux... pas de ça ici, et c'est tant mieux, car ça commençait à devenir un peu lourd... vous ne trouvez pas ? ^^
Deuxième raison : le style, entre dynamisme dans les scènes d'action (plutôt rares, cela dit) et poésie presque lyrique d'autres fois... quand les deux ne se mélangent pas carrément, pour former des scènes très émouvantes, impossibles à lâcher. Autant j'ai trouvé ça too much la première fois où les deux se sont mêlés, autant j'ai carrément accroché aux fois suivantes, sûrement car j'y étais accoutumée, et puis parce que je m'étais attachée à la narratrice, Sibel.
Sibel, la danseuse, aussi rebelle qu'attachante ! C'est un personnage très réussi, l'entier roman repose sur ses épaules, et la description qu'elle fait des personnes et des lieux qui l'entourent est à la fois simple et détaillée, très évocatrice. La manière qu'elle a de percevoir le monde nous la rend attachante, en fait, car elle pose un regard très généreux sur ce qui l'entoure. Même si elle a ses moments de colère, et qu'elle agit parfois en vraie petite peste... mais quel enfant de 16 ans ne le ferait pas ? ^^
Ce qui m'amène à la troisième raison : l'univers décrit. Un univers où Art et Science ont été séparés pour le bien de l'humanité. Un univers cloisonné, où la vie est tellement compartimentée que l'ignorance est monnaie courante. Car la connaissance, ici, c'est le pouvoir. La connaissance de soi, de la nature, des objets... Mais cette connaissance est parcellaire, même chez les puissants. Car ceux qui dirigent le complexe n'en savent peut-être pas plus que ceux qui y vivent.
Cet aspect compartimenté de l'univers ne l'en rend pas moins riche, car on constate rapidement les différences interprétatives entre les personnages, quand ils confrontent ce qu'ils savent... du coup, entre ce que l'auteur a réellement créé, et l'univers des possibles imaginables à travers les personnages avant qu'ils ne parviennent à découvrir la vérité... cela crée un univers riche et fouillé, vraiment vaste, et ce, en dépit de tous ces murs qui les entourent, de ce complexe étrange où plusieurs univers sociaux se côtoient sans se voir, ce dernier refuge de l'humanité... mais oops, j'en ai déjà trop dit ;-)
J'en ai déjà trop dit et, en même temps, pas assez : il y a beaucoup à dire de ce merveilleux roman. Enchanteur, dynamique, surprenant, original, il n'en finira pas de vous surprendre, page après page. Un vrai coup de cœur, d'autant plus qu'il s'agit d'une lecture qui reste longtemps en tête après qu'on ait passé la dernière page.
A conseiller aux jeunes et aux moins jeunes ! En tout cas, une chose est certaine : vos ados vont adorer ! ;-)
Coup de coeur également ;) C’est vraiment un livre poignant.
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