Auteur : Franck Labat
Editeur : Les Nouveaux Auteurs
Nombre de pages : 440 pages
Pandémies, allergies environnementales foudroyantes, dégénérescence
cellulaire, stérilité... La nature a trouvé le moyen d'éliminer le
parasite qui gangrène la planète depuis trop longtemps : l'homme. Au
travers de ses rêves prémonitoires et apocalyptiques, Alexandra
Rousseau, lycéenne, est le témoin involontaire et impuissant du sombre
futur qui attend l'humanité. Elle sait qu'avant la fin de ce siècle les
hommes feront face à leur extinction. Tous ? Peut-être pas... La
découverte du mystérieux marqueur génétique 26 pourrait bien donner à
cet effondrement de l'hégémonie sapiens un aspect inattendu.
Vous aimerez :
- les chapitres très courts et très nombreux
- l'alternance des points de vue
- le côté hautement réaliste de l’anticipation politique
- l'exploitation originale de la magie
Vous n'y trouverez pas :
- une vision très optimiste de notre avenir
- un moment où vous ennuyer
Mon avis ?
Naturalis est un roman difficile à lâcher, d'une part car le rythme infernal auquel s'enchaînent les courts chapitres nous empêche de nous en éloigner et, d'autre part, car l'univers déployé par l'auteur et le propos qui s'y inscrit en filigrane donnent matière à réfléchir longtemps après avoir refermé le livre.
L'intrigue a deux points de départ : Alexandra, dans notre présent ; Nathaniel, dans notre futur. Le destin croisé des deux personnages va à la fois provoquer et empêcher le pire de se produire... le fait que l'on suive deux histoires à la fois parallèles et convergentes donne une "tessiture" très intéressante au livre. J'emploie le mot "tessiture" car cela va au-delà de la structure, cela s'enfonce loin dans le scénario, les personnages, leurs motivations, etc. Ce choix de narration – audacieux et bien exploité – est vraiment l'un des points forts du livre. De plus, par rapport à ce choix de double temporalité, on est face à un cas d'uchronie très originale : Alexandra vit avant le point d'uchronie du roman, tandis que Nathaniel vit après celui-ci. L'effet de convergence et d'attirance des deux points donne lieu à un roman qui tient autant de l'uchronie que de l'anticipation et du post-apocalyptique. Un métissage réussi !!
Pourtant, ce n'était pas gagné, au début, car j'ai trouvé l'univers très sombre... trop sombre. Trop déprimant pour l'indécrottable optimiste que je suis. Le côté hyper-réaliste de la disparition de l'homo-sapiens au profit de l'homo naturalis m'a plongée dans une véritable dépression de lecture : j'ai dû reposer le livre quelques jours avant de m'y replonger (et de lire la suite d'une traite en quelques heures, captivée ! ^^). Sincèrement, ce réalisme m'a beaucoup touchée, dans le sens où ça m'a vraiment fait réfléchir à notre avenir et à notre possible extinction... dans le siècle prochain. Une extinction à laquelle chacun d'entre nous pourrait être amené à assister. Effrayant, n'est-ce pas ? D'autant plus effrayant que l'auteur utilise des éléments tirés d'articles de journaux et d'essais bien réels, eux, qui soutiennent la thèse de notre extinction prochaine à cause de la surpopulation (notamment). Une réussite sur ce point-là aussi, même si ça peut en bloquer plus d'un. Plusieurs semaines après, j'y pense toujours.
Le style est vif, haletant. On alterne entre différents points de vue, différentes époques, et le canevas qui se crée nous intéresse d'autant plus que de nombreux points d'ombre persistent. Notamment la présence – réelle ou pas ? – de la magie. L'auteur a une façon bien à lui d'exploiter celle-ci et je vous laisse la surprise. J'ai surtout beaucoup aimé la "magie" du "pilier de la pierre", et son personnage représentant... un sacré olibrius, celui-là, qui m'a beaucoup plu ^^
Les personnages sont tous intéressants mais c'est vraiment avec lui que j'ai accroché – à croire que j'apprécie toujours plus les underdogs que les héros d'un roman. Néanmoins, je me suis attachée à tous les persos à divers degrés, ce qui est une bonne chose car, comme vous le savez, quand je n'aime pas les personnages d'un roman, je n'accroche généralement pas du tout au dit roman.
En fait, la force des personnages repose sur la manière dont ils s'inscrivent dans le contexte général de l'intrigue : ici, ce qui se joue à l'échelle de l'individu vaut aussi pour l'humanité tout entière. En cela, j'ai adoré ce roman, parce que tout restant intimiste, le destin de l'humanité s'y joue aussi !
En bref, un coup de cœur pour cette variation intéressante de la thématique "post-apo". ^___^
En plus, ce livre a reçu le prix du Jury Femme Actuelle 2013, qui ne s'y est vraiment pas trompé ! Et pour une fois que de la SF est plébiscitée, ça fait plaisir ^^
Merci Cécile, j'étais complètement passé à côté de ton article, je le découvre ce soir avec plaisir ;-)
RépondreSupprimerDe rien :) Merci à toi pour cette belle lecture !
Supprimer