Auteur : Dirigé par Estelle Faye, présence de nouvelles de Tepthida Day, Fabien Clavel, Johan Scipion, Laurent Salipante, Sylvain Johnson, Guillaume Mézin, Anthelme Hauchecorne, Thomas C. Durand, Raphaël Boudin, Olivier Boile.
Editeur : Parchemins & Traverses
Nombre de pages : 280
Qu'est-ce qui se trame sous nos pieds ?
Pour sa neuvième anthologie, Parchemins et Traverses cède à l'ivresse des profondeurs, plonge aux tréfonds des abysses, explore les souterrains et entrailles de nos villes, et sonde les mystères des civilisations englouties.
Dix auteurs, dix nouvelles entre les jungles d'Asie et les glaces du Grand Nord, les chemins du Moyen-âge et la banlieue parisienne...
Sur les traces d'Ambre la punkette et de son prince sanguinole, de Minos le mineur d'après l'Apocalypse ou encore d'Anguta, le passeur du monde des morts....
Vous aimerez :
- explorer les différents niveaux des entrailles terrestres
- la variété des styles
- l'extrême élégance de l'anthologie
Vous n'y trouverez pas :
- de nouvelles spécialement optimistes
- d'autres planètes que la nôtre !
Mon avis ?
J'ai beaucoup aimé cette anthologie, et ce, sur bien des aspects !
Je voudrais d'abord saluer le travail éditorial extrêmement soigné, entre la magnifique couverture et les multiples illustrations intérieures en noir et blanc, sans compter la maquette très claire et très propre... c'est vraiment un bel objet ! Il nous met directement dans l'ambiance, je le trouve vraiment superbe. ^^
Au-delà de l'apparence, qu'y a-t-il là-dessous, derrière cette couv ? (oui, bon, je devais la faire celle-là !) Des nouvelles, donc, au nombre de huit si je me souviens bien. Mis à part deux titres auxquels je n'ai pas du tout accroché, non pour des raisons de qualité littéraire mais bel et bien de goût personnel, j'ai adoré !! Comme l'antho est assez courte, je me permets un tour de table nouvelle par nouvelle :
* Revoir les étoiles, Tepthida Day : une nouvelle poétique, très douce et bien écrite. Nous sommes en Asie centrale, sur un chantier en pleine forêt, et l'un des travailleurs va tomber quelque part en-dessous, très au fond... pour découvrir un peuple fascinant inspiré des nagas. Je n'en dis pas plus. Sans être inoubliable, cette nouvelle m'a fait passer un très bon moment de lecture et constitue une excellente ouverture !
* Cénotaphe, Fabien Clavel : l'écriture de Fabien Clavel est comme toujours un régal. Sa nouvelle repose sur la notion de terre et de souvenir, le "dessous" étant aussi bien physique que mental, ou métaphysique, puisqu'il représente à la fois la terre nourricière de l'enfance, mais aussi celle à laquelle nous reviendrons dans bien des années (enfin, je l'espère !). Un peu déprimante, mais très belle, avec une charge symbolique puissante !
* Le Terrier, Johan Scipion : une nouvelle qui reprend le thème d'Alice et du lapin blanc (il en fallait bien une ^^), et que j'ai moyennement aimé, pas pour l'écriture ou le scénario, qui sont tout deux très bien travaillés, mais parce que l'émotion du texte ne m'a pas touchée. Je me suis énervée toute seule car j'ai adoré les premières pages mais, ensuite, je n'ai pas réussi à rentrer dans le texte. Dommage ! :/
* Le Système d'Extinction, Laurent Salipante : on explore les grands fonds marins, un thème que j'adore ! Nous suivons deux aventures : l'une est humaine, contemporaine, et marche dans les pas d'un explorateur-biologiste qui découvre dans les abysses les traces d'une civilisation trop ancienne pour y croire... quant à l'autre, il s'agit d'un des représentants de cette espèce, éteinte depuis une grande catastrophe. Les destins croisés sont émouvants, et la nouvelle très bien construite !
* Dans la merde jusqu'au cou, Sylvain Johnson : tout commençait bien, jusqu'à ce que le personnage tombe littéralement dans une fosse sceptique... et que je n'en vienne à avoir mal au cœur ! Ce qu'on peut dire c'est que l'auteur sait faire des descriptions évocatrices et vraiment peu ragoûtantes. Un texte difficile à lire à cause de son atmosphère délétère et étouffante, ce qui m'a presque fait passer à côté du texte, mais à la chute vraiment bien trouvée !
* La Marche des Endogés, Guillaume Mézin : un texte qui avait tout pour me plaire : des références mythologiques, un monde post-apo, un couple de personnages qui remontent vers la surface en traversant les différentes strates, et des trouvailles stylistiques superbes... mais voilà : le texte est pour moi bien trop long, trop lent, et dès la moitié j'ai commencé à m'ennuyer... il aurait selon moi mérité d'être plus court pour être plus percutant. Après, c'est une question de goût, j'en ai bien conscience...
* Le Roi d'Automne, Anthelme Hauchecorne : aaaah, cette nouvelle ! LE gros COUP DE CŒUR ! Juste gé-niale ! Ça se passe dans les entrailles de la ville d'Arras, dans les boves, et ensuite dans le royaume souterrain du Sidh, là où crèchent les fées ! Bien entendu, tout ça se passe une nuit de Samain, sinon ça n'aurait aucun intérêt pour les deux humains perdus, héritiers d'une société secrète, qui doivent passer leur épreuve d'initiation et ramener un objet chacun du royaume Sidh ! Sauf que, voilà, tout n'est pas si simple qu'il y paraît... un texte qui joue sur les apparence, sur les multiples dimensions du "dessous", à la fois physique, sémantique, symbolique, etc. Il y a tout dans ce texte ! Le style, la force évocatrice, la poésie, l'univers déployé extrêmement intéressant, l'humour, les personnages attachants, le rythme... wow, wow, wow ! La nouvelle est longue, la plus longue du recueil, mais on ne s'ennuie pas une seule seconde ! En plus, j'ai découvert grâce à la bio de l'auteur que ce texte appartient à l'univers d'Âmes de Verre, un roman de l'auteur qui est dans ma PAL depuis quasiment un an... bon ben on va le sortir de là-dessous, hein ! ;-)
* Ascendance, Thomas C. Durand : une nouvelle en apparence classique, qui se révèle bien plus profonde que ne le laissent présager les premières pages ! L'auteur a su renouveller avec beaucoup d'inventivité et de rythme le mythe de la quête de la surface. Cette chute... ah la la, je ne l'ai pas vue venir, et j'ai adoré ! Une plume que je découvre et que je suivrai avec beaucoup d'intérêt.
* L'Appel de Sirannon, Raphaël Boudin : Ce texte rejoint malheureusement le rang de ceux qui n'ont pas su m'accrocher... il s'agit plus ou moins d'un pastiche lovecraftien, et je crois qu'ici, c'est le format choisi qui m'a déstabilisée et perdue, ainsi que les bien trop longues phrases et l'humour auquel je n'ai pas vraiment adhéré (il reposait sur l'hyperbole, si j'ai bien compris, et malheureusement ce n'est pas ce genre d'humour qui me fait rire :/). Un pari risqué de la part de l'auteur, mais la sauce n'a pas pris avec moi ! Dommage :(
* Le Cueilleur de Morts, Olivier Boile : l'antho s'ouvrait tout en poésie... et se referme de même. Un texte glacé, où souffle le vent de l'éternité, quelque part entre Adlivun et le monde des vivants. Une mythologie rarement exploitée, celle des Inuits, et ici mise en scène avec beaucoup de sensibilité et de beauté. Un texte que j'ai adoré, et dont le souvenir perdurera longtemps grâce à son ambiance si particulière.
En résumé, En-Dessous est une très bonne anthologie : bien pensée, bien faite, très équilibrée, qui ne se répète pas... une réussite ! Et en plus il y en a pour tous les goûts - c'est peut-être ce qui fait que j'ai moins aimé certains textes que d'autres. Le niveau est excellent d'un bout à l'autre, que les auteurs se rassurent ! Certaines nouvelles valent le détour rien que pour elles seules. Je pense notamment au Roi d'Automne ou au Cueilleur de Morts, mais aussi le Système d'Extinction dans un autre genre.
Les genres sont très variés, je regrette simplement l'absence de SF, c'est dommage, il y aurait eu pleine de choses à faire sur le thème de l'exploration spatiale minière, etc. Mais c'est pas très grave, car l'antho est vraiment bien équilibrée telle qu'elle est !
Une plongée sous la surface, loin dans le murmure des mots, au fond des royaumes engloutis de terre et d'eau... une anthologie que je vous recommande chaudement !
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