Titre : L'Arbre-Miroir
Auteur : Christian Léourier
Editeur : Voy'[el]
Nombre de pages : ~170 en numérique (208 en papier)
Existe en format papier et numérique
Gwyzh, planète colonisée par les humains, abrite aussi un peuple
mystérieux. Les Gwyddenir vivotent en marge des grand domaines comme
Lann Faor, dont le jeune Dan ap Arth héritera plus tôt qu’il ne le
croit. Le peuple gwydden cache toutefois un secret et il appartient à
Dan de le découvrir. Et puis, il y a la troublante Gwentmaid aux yeux
de chat qui hante les pensées du jeune home et pourrait bien lui ouvrir
les portes d’un avenir insoupçonné.
Vous aimerez :
- les chapitres très courts
- la civilisation des Gwyddenir
- la perception du temps Gwyddenir
- le style très immersif
Vous n'y trouverez pas :
- un scénario imprévisible
- une intrigue qui prend son temps
- de pessimisme
Mon avis ?
L'Arbre-Miroir est un livre entraînant, plein de qualités, et je comprends que l'éditrice en chef des éditions Voy'[el] ait tenu à rééditer cet ouvrage d'abord paru en 1977. C'est un récit optimiste, immersif, qui vous fera voyager loin, très loin de la Terre ! Pour autant, le dépaysement n'en sera pas complet, car nous atterrissons sur une colonie humaine, Gwyzh, où le jeune Dan sera bientôt intronisé responsable de son domaine, mais pas de la façon dont il l'aurait espéré... car cela se fait dans le malheur, suite à une catastrophe météorologique, et c'est à lui de redresser la barre. Il a le choix : agir comme tous les colons l'ont déjà fait avant lui, ou demander l'aide des Gwyddenir, le peuple autochtone de la planète en question...
Comme vous vous en doutez, le jeune Dan ne suivra pas la tradition. Plus ouvert d'esprit que ses prédécesseurs, il cherchera même à comprendre le peuple autochtone enfermé dans des réserves pauvres en terres cultivables. Il y fera la rencontre de Gwentmaid, une jeune femme séduisante, pas de sa race donc, et qui le troublera bien plus qu'il ne veut bien se l'avouer... c'est assez problématique, car le père de Dan prévoie une union avec une humaine d'un domaine cultivable voisin.
Le scénario est cousu de fil blanc, à ce niveau-là. Le triangle-amoureux ne m'a pas vraiment convaincue ni tenue en haleine. Par contre, là où j'ai été agréablement surprise, c'est sur la manière dont se résout le problème : même si l'on sait qui Dan va choisir en définitive, on ne se doute pas du comment, et c'était vraiment sympathique !
D'autant plus que l'auteur ne sacrifie pas aux habituelles théories du complot qui cloisonnent les histoires d'amour impossibles, du genre le gouvernement qui empêche deux êtres de s'aimer, etc. Il y a un complot, certes, mais il trouvera une fin inattendue, vraiment agréable là encore. Cet optimisme manquait à mes précédentes lectures en SF, et c'est une vraie bouffée d'air frais ici !
Autre réussite : le style. Immersif, très simple, il s'efface au profit de l'histoire. S'il y a parfois des passages explicatifs, ils ne sont jamais longs et toute l'histoire se déroule naturellement, parfois même un peu trop vite – notamment à partir du moment où Dan hérite du domaine : tout se précipite et on ne se pose pas d'un long moment, environ 80 pages (à peu près la moitié du roman donc) durant lesquelles tout va très très très vite. Mis à part ce passage trop rapide selon moi, le reste est correctement rythmé, et le style discret mais efficace soutient parfaitement l'ensemble.
Autre petit regret : le manque d'émotion. On s'attache davantage à l'univers qu'aux personnages. Ces derniers ne sont pas dépourvus d'intérêt, loin de là, mais ils sont un peu superficiels. Leurs motivations sont claires, profondes, mais leurs émotions manquent de déploiement. Alors que l'univers, la planète, sont très développés (aaaaah, la perception du temps selon les Gwyddenir : un bonheur vous verrez !!!), les personnages manquent d'envergure, ce qui est dommage pour un roman jeunesse selon moi, où les jeunes lecteurs aiment plonger au fond des émotions des personnages.
Il faut dire que L'Arbre-Miroir est un roman où les destinées sont dirigées par le monde et non par les personnages. Ces derniers ne subissent pas, bien au contraire, mais ils ne sont pas le moteur de l'intrigue : celle-ci se déroule, dictée par les lois du monde établi par Christian Léourier, un monde dur, fort, parfois impitoyable mais jamais cruel, où l'espoir subsiste toujours.
Un roman de SF optimiste que je recommande si vous êtes à la recherche d'une SF simple mais pas simpliste, traversée par de grands thèmes comme le destin ou la rencontre de l'Autre.
3,5/5
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